Chargé de recherches en écologie de la restauration et écologie des communautés végétales

+33 (0)4 76 76 28 11

Domaine de compétence

  • Ecologie des communautés végétales
  • Ecologie de la restauration
  • Ingénierie écologique

Mes recherches se déroulent majoritairement dans des contextes de restauration des écosystèmes terrestres, avec 3 axes principaux : (1) mieux comprendre l’assemblage des communautés végétales pour (2) optimiser les méthodes de gestion ou de restauration d’écosystèmes dégradés et (3) fournir des outils méthodologiques pour évaluer les effets de la restauration. Depuis le début de ma thèse jusqu’à aujourd’hui, je pars de questions appliquées émanant de gestionnaires d’espaces naturels telles que « Comment restaurer ou conserver telle communauté végétale ou telle espèce ? ». Dans la mesure du possible, j’essaie de replacer ces questions très appliquées à des questions plus fondamentales d’écologie des communautés.

(1) Comment les plantes s’assemblent entre elle ?

Avec l’idée sous-jacente d’utiliser ces connaissances pour restaurer des écosystèmes, je m’intéresse particulièrement aux processus d’assemblages des plantes après une perturbation. J’ai d’abord commencé lors de ma thèse en essayant de comprendre quels étaient les facteurs les plus importants pour expliquer la recolonisation d’une végétation de pelouse sèche après culture intensive dans la plaine de la Crau (Jaunatre et al., 2023). Pas loin de 3000m plus haut, avec le CBNA nous nous sommes intéressés aux impacts de la mise en place d’enneigeurs sur la végétation alpine du col de l’Iseran (rapport 2019). De prochaines expérimentations vont être mises en place pour démêler les effets des travaux d’aménagements, d’apport en neige artificielle et de damage sur la démographie de quelques espèces. Au-delà de la composition d’une communauté, c’est parfois la distribution d’une espèce que je cherche à comprendre : avec le CBNA nous avons étudié la distribution et la niche écologique d’Erica carnea dans sa marge occidentale de son aire de répartition (rapport 2023).

En collaboration avec Elise Buisson et Thierry Dutoit (IMBE), Léa Bizard, Véronique Bonnet et Sophie Vallée (CBNA), Isabelle Boulangeat et Mathias Pires (LESSEM), Gaëlle Carrière et Elsa Le Borgne (stagiaires LESSEM).

 

Un processus particulier attire mon attention depuis plusieurs années : les effets de priorité, c’est-à-dire le fait que l’ordre d’arrivée des espèces puisse avoir un impact durable sur la trajectoire de la communauté. Ce processus me semble offrir un potentiel important pour améliorer les techniques de restauration, et je m’attache à essayer de comprendre dans quels contextes il a lieu. Nous avons mis en place une expérimentation pour tester cet effet sur la résistance d’une communauté d’espèces herbacées face au Buddleja davidii (Dommanget et al., soumis). Nous avons également mis en place une autre expérimentation en plein champs pour tester des semis séquencés d’espèces dominantes ou subordonnées pour restaurer une pelouse montagnarde (Durbecq et al., 2023) ainsi qu’une expérimentation complémentaire en mésocosme, avec les mêmes espèces pour préciser les conditions d’apparition de ces effets de priorité.

En collaboration avec Elise Buisson (IMBE), Aure Durbecq (doctorante EcoMed, IMBE, LESSEM), Fanny Dommanget (LESSEM), Pauline Douce et Lola Gogniat (stagiaires LESSEM).

Je m’intéresse également au réassemblage des communautés végétales en lien avec le changement climatique. Dans le cadre du programme alpages sentinelles, un grand nombre de placettes sont suivis environ tous les cinq ans et peuvent permettre de dessiner la dynamique de ces végétations d’alpage. En parallèle de ce suivi diachronique, des expérimentations de simulation du changement climatique par transplantation de communauté dans des environnement plus chaud plus bas en altitude ont également été mises en place et nous poursuivons les suivis de la végétation (programmes MIREN et TransAlp).

Enfin, toujours dans ce contexte de changement climatique, nous co-encadrons la thèse d’Anne-Lyse Murro sur les potentiels de résilience des systèmes transhumants face au changement climatique. L’idée est de déterminer les potentiels de résilience des différents types d’exploitations transhumantes à partir des caractéristiques fonctionnelles des végétations qui composent les territoires de ces exploitations.

En collaboration avec Fanny Dommanget, Gregory Loucougaray, Emilie Crouzat, Nathan Daumergue et Mathias Pires (LESSEM), Tamara Munkenmuller (LECA), Camille Almoyna-Martinez (post-doctorante LESSEM) et Anne-Lyse Murro (doctorante LESSEM).

(2) Quelles techniques pour restaurer un écosystème ?

Cette deuxième question cherche à optimiser les techniques de restauration, en pilotant les 3 principaux filtres qui déterminent les trajectoires des communautés végétales : le filtre de la dispersion (e.g. par des techniques de transfert de foin ou de sol, ou des techniques de transplantations d’espèces), le filtre abiotique (e.g. par la recréation ou l’étrépage de sol) et le filtre biotique (cf effets de priorité mentionnés dans la partie (1)). Ces travaux ont notamment donné lieu à 3 thèses :

Celle de Julie Lescure-Chenot, en collaboration avec Elise Buisson et Thierry Dutoit (IMBE) sur la restauration d’anciennes carrières dans la plaine de Crau, autour des techniques de recréation de sol notamment (Chenot-Lescure et al., 2022). Celle d’Aure Durbecq, en collaboration avec Elise Buisson et Armin Bischoff (IMBE) sur la restauration de pelouses montagnardes dans la vallée de la Haute-Durance, autour des techniques de transfert de foin et de récoltes à la brosseuse (Durbecq et al., 2022). Et celle de Nadège Popoff, en collaboration avec Morgane Buisson (Symbhi) et André Evette (LESSEM) sur la restauration de populations de Typha minima sur les berges de l’Isère autour des techniques de transplantation d’espèces (Popoff et al., 2021).

 

(3) Comment évaluer la restauration ?

La troisième grande question à laquelle je m’intéresse porte autour de l’évaluation de la restauration. J’ai développé des indicateurs du succès de la restauration, que ce soit à l’échelle de la communauté (Jaunatre et al., 2013) ou du projet de restauration (Jaunatre et al., 2017). J’ai aussi eu l’occasion de participer à des méta-analyses sur l’efficacité des techniques de restauration en général (Marchand et al., 2021) ou spécifiquement sur les techniques de transferts de sol et de transferts de foin (Gerrits et al., 2023).

Depuis 2022 avec l’OFB, REVER et l’IMBE, nous développons la base de données BDRest, dont l’objectif est de recenser, le plus exhaustivement possible, les opérations de restauration écologique. À terme, elle devrait permettre de connaître et pouvoir synthétiser ce qui a été restauré à l’échelle nationale (en termes de surface/linéaire, dans quels territoires, sur quels écosystèmes, avec quelles techniques, par quels acteurs, etc.). Ce travail sur les pratiques questionne également les rapports entre restauration écologique et réensauvagement (rewilding ; Mutillod et al., 2024).

En collaboration avec Stéphanie Gaucherand, André Evette et Frédéric Bray (LESSEM), Clémentine Mutillod et Elise Buisson (IMBE), Delphine Jaymond (CDD IMBE/LESSEM), Lilian Marchand (Biogéco), Gijs Gerrits (Wageningen NIOO-KNAW) et Anne Vivier (OFB).